Le site :
Construite au sommet d'un plateau, peu d'églises sont visibles d’aussi loin ! Le passant a tout loisir d'observer de loin la basilique :
Le contraste est saisissant entre l'arrivée par la Belgique, de Péruwelz : la route est construite, on est en pleine ville et la basilique domine la commune grouillante d'animation (photo de gauche). Par contre, de France, on traverse une grande forêt domaniale, silencieuse et verdoyante, but de promenades reposantes.
L'aspect extérieur : Contraste aussi saisissant :
En arrivant de Péruwelz, c'est une façade gothique habituelle qui nous accueille : un porche monumental précédé d’un escalier imposant, est entouré de deux clochers symétriques, comme dans les cathédrales. Par contre, en arrivant de France, c'est le dôme central octogonal qui attire l'attention ; il est entouré de petites coupoles qui suggèrent une influence byzantine !
Encore une caractéristique unique de cette basilique : elle est construite à un mètre seulement d'une frontière, la frontière française !
Sur la photo ci-contre, on voit, près du poteau, la borne frontière, et le dallage qui fait la limite entre la France (à droite) et la Belgique, (à gauche).
La basilique est vraiment un lieu d'accueil qui n'est pas arrêtée par une frontière !
Approchons-nous pour admirer les détails de la façade, côté Nord.
Le porche est un ouvrage superbe, de réalisation audacieuse, ménageant les trois entrées, comme pour une cathédrale gothique, en les disposant autour des marches et du perron, de chaque côté des deux colonnes droites posées à l'avant-plan. Ces portails vides à voussure en tiers-point surmontée de l'arête angulaire, sont couronnés d'une balustrade ajourée limitant une sorte d'esplanade devant la grande rosace du pignon triangulaire. L'ensemble est construit en petit granit pour en garantir la solidité.
Le tympan du portail est muni d'un bas-relief de pierre blanche d'esprit typiquement gothique ; il illustre le couronnement de la Vierge Marie par le Christ. Cette scène encourage ainsi les pèlerins qui entrent dans cet édifice à mettre toute leur confiance en celle qui est toute puissante sur le cœur de son Fils, Jésus, le Christ. En dessous de cette scène, des personnages énigmatiques semblent méditer cette scène !
En-dessous, le linteau rappelle que cette église a été déclarée basilique par le Pape Pie X en 1910.
Les arêtes latérales de la nef octogonale sont soulignées par des contreforts, pinacles et gables qui recueillent la poussée des arcs-boutants camouflés derrière les angles de la toiture. Le prisme de la nef est ajouré sur chaque face par trois fenêtres hautes ogivales et est couronné par une élégante galerie ajourée en pierre. Le clocher central verra sa relative lourdeur atténué par une statue dorée de la Vierge Marie, actuellement déposée dans la basilique dans l’attente d'une réfection de la toiture...
Faire le tour extérieur de la basilique, pour admirer l'ingéniosité et la créativité de l'architecte dans l'ornementation !
On peut par ailleurs remarquer, à l'extérieur, les tourelles donnant accès aux clochers de façade et celle qui, à un angle au-dessus de la sacristie, permet de gagner la galerie ajourée surplombant, à l'extérieur, la corniche de la tour-lanterne. Chaque absidiole accueillant les autels latéraux est surmontée d’un clocheton conique. Les entrées latérales sont doublées par des colonnes et des contreforts et marquées, tant dans leur partie basse qu'au-dessus des fenêtres, par des pignons triangulaires garnis de crochets et de gargouilles. Tous ces éléments qui répondent à une logique fonctionnelle, aux exigences des lieux et de la construction ainsi qu’aux partis pris du plan ont par ailleurs une grande vertu esthétique. Ils contribuent en effet à réussir un étagement des masses harmonieux et à intégrer, sans rupture de proportions, l'édifice à son environnement.
Aller encore à l'arrière de l'édifice pour découvrir l’étonnant chevet plat de la basilique, qui contraste avec les nombreuses coupoles ! Rappelons-nous qu'il longe la frontière française à moins de un mètre de distance, ce qui explique sans doute son aspect rectiligne. Admirons la variété de sa décoration : archivoltes au-dessus de ces deux étonnants "oculus", (vitraux de forme arrondie), et ces nombreux visages sculptés tout autour des vitraux. Ils rappellent toutes les expressions par lesquelles passe le cœur de l'homme : peur, joie, étonnement... Une église accueille tous les hommes dans l'extrême variété de leurs situations...
Encore une curiosité : en plus de l'entrée monumentale du porche nord, la basilique possède quatre portes disposées aux 4 points cardinaux : comme pour réaliser la promesse du Christ : on viendra du nord et du midi, de l'orient et de l'occident, prendre place dans le Royaume de Dieu. Le bâtiment église veut déjà accueillir largement des hommes de partout...
L'intérieur de l'édifice
Le choeur est surélevé et la disposition générale vise évidemment à en faire le centre attractif des regards.
On ne peut qu'être étonné par la petitesse de la statue de Marie, perchée si haut et au milieu d'une décoration imposante qui compense ainsi la taille d'une statue qui passerait presque inaperçue ! C’est qu'on a voulu garder la statuette qui avait été accrochée à un chêne il y a quatre siècles.
La statue de la Vierge est environnée d'une mandorle de lumière et d’anges occupant le cadre laissé libre par le fond du ciborium en bois polychrome qui recouvre la partie centrale du chœur. Le registre iconographique et le schéma constructif appuyant les anges sur le cadre ne vont pas sans rappeler le panneau central du triptyque de la Vierge de Moulins.
Deux anges tiennent un bandeau sur lequel est inscrit en latin ! le titre même pour lequel les foules viennent prier Marie ici : Auxilium christianorum = Secours< des chrétiens – et : Salus infirmorum = Salut des malades – Car d'innombrables malades ont été aidés, sinon guéris, ici.
En dessous de la statue, un étonnant retable en pierre blanche, oeuvre des frères Blanquaert de Maltebrugge. Pourquoi avoir représenté des rois ? Et cette longue tige déroulant des feuilles et des fruits ? Quand un ange vient demander à Marie si elle accepte d'être la mère du Sauveur, il lui dit : "tu vas concevoir un fils ; Dieu lui donnera le trône de David son père." Ainsi Jésus est le descendant du roi David, qui est représenté au centre du retable, portant une harpe, (car il chantait les louanges de Dieu). Cette longue tige est donc son arbre généalogique. A côté de lui, tenant un temple, est représenté son fils, le Roi Salomon, qui a construit le temple de Jérusalem. En dessous d'eux, le père de David, Jessé. Et autour, différents rois descendants de David, (leurs noms sont inscrits). L'artiste a voulu aussi illustrer cette prophétie d'Iasïe : "un rameau sortira de la racine de Jessé, l’Esprit du Seigneur reposera sur lui..." Il s'agit donc d'une belle vigne qui porte des fruits de salut...
Un symbolisme ancien à redécouvrir !
Encore en dessous, de chaque côté du tabernacle, sont rappelés des qualités symboles de Marie, énumérées jadis dans les "litanies de la Vierge". Il faut reconnaître que nous pouvons être surpris aujourd’hui par ces qualificatifs ! De gauche à droite, nous découvrons Marie comme :
Janua caeli - speculum iustitae – stella matutina
Domus aurea – foederis arca – turris davidica
Porte du Ciel – Miroir de justice - étoile du matin
Maison d’or - arche d’alliance - tour de David
En dessous de l'autel se continue ce symbolisme :
Au milieu, une croix : ave crux, spes unica = salut croix, unique espérance (la croix du Christ est notre seul espérance face à la mort et le mal)
De chaque côté, deux qualificatifs de Marie :
Lilium castitatis : lys de pureté - rosa mystica : rose mystique
(Marie Vierge est modèle de pureté – Elle embaume de ses vertus comme une rose !)
Voilà donc un autel fort chargé en signification et qui mérite explication !
Près de la porte latérale, de très beaux émaux, créations originales de Max van der Linden, rappellent l'origine de la basilique : la forêt, la statuette accrochée à un chêne, la première "chapelette" puis la chapelle agrandie, dont la maquette se trouve là à côté, enfin la basilique.
D'autres émaux montrent des épisodes de la vie de Marie et de son Fils : notamment les "Noces de Cana", ou Jésus fit un miracle étonnant à la demande de sa mère, ce qui nous encourage à nous tourner vers Marie encore aujourd'hui pour obtenir son aide…
Revenons au centre de la basilique et admirons l'architecture :
"Si l’on a relevé à l’égard du plan de la basilique des "nuances byzantines" au travers de la croix grecque et des arrondis des autels latéraux, il faut remarquer que les croisées d'ogives, éléments structurels essentiels du gothique sont ici employées dans toute leur pureté. La couverture ne se constitue par l'usage de la coupole circulaire mais découle de la logique engendrée par la reprise des poussées exercées dynamiquement par les nervures vers les piliers et les arcs-boutants. Ceci a permis de rencontrer l'idéal gothique : couvrir large, monter haut, localiser les poussées et alléger les faces non porteuses en les ajourant ". Extrait du document pour le classement de l'église
Admirons tout particulièrement le dôme, oeuvre particulièrement originale dans la région.
Ces quatre caractères méritent d'être détaillés
- La surface au sol sous le dôme est importante. Le diamètre mesure 15 mètres et libère à lui seul une surface de près de 177 mètres carrés. C'est considérable et exceptionnel.
- La hauteur sous la clef est de plus ou moins 27 mètres. On n'est certes pas dans la cathédrale de Beauvais (la plus haute de France – Hauteur 48 mètres), construite sur un tout autre plan et donc d'une manière qui n'est pas comparable. On peut cependant apprécier l'ambition et la valeur symbolique de l'élévation de la basilique de Bon-Secours.
- Les piliers intérieurs en petit granit sont faits de colonnes engagées. Ils dégagent une impression de force tout en s'ouvrant très haut par des arcs formerets sur le choeur, un déambulatoire circulaire et sur les absidioles.
- Les fenêtre hautes situées au-dessus du triforium allègent considérablement l'impression d'ensemble tout en jetant sur l'intérieur une lumière importante.
Le triforium est un ouvrage fort important. L'architecte l'a mené comme une galerie circulaire où, entre les chapelles du pourtour et l'octogone central, se dissimulent les arcs-boutants. Très ouvert sur l'intérieur, il élève quatre fenêtres sur chaque face, réparties en deux groupes d'ogives géminées séparés par un massif de colonnettes à chapiteaux soutenant un arc aplati : c'est une base solide pour la lanterne dont chaque pan est percé de trois hautes fenêtres ogivales.
Les matériaux
Marquée à l'extérieur par une grande unité des matériaux, la basilique présente une plus grande diversité dans son enveloppe intérieure.
On y trouve entre autres : la pierre de TOURNAI, de SOIGNIES, de GRANGLISE, les briques de BOOM, la pierre de FRANCE dans laquelle est sculpté le maître-autel. On y trouve aussi, en plus du marbre de CARRARE, différents marbres d'origines belge et française, des autels en chêne sculpté et des statues en bois polychrome.
La carrière CORNET à ECAUSSINES a travaillé la pierre dure de petit granit qui compose les huit piliers. Disposés en cercle, ces piliers soutiennent tout le bâtiment central. Chacun est un puissant massif de cette belle pierre sombre, constitué par un faisceau de dix colonnes engagées s'élevant ensemble jusqu'à une fine couronne de fleurons. Les piliers se dispersent en arcs et en croisées d'ogives vers les chapelles et les murs plats. La colonne du milieu, vers l'intérieur, passe outre, atteint la voûte au-dessus de la lanterne où l'ensemble dessine huit quartiers. Les tores polis d'un beau noir s'arrondissent sur la base entaillée et aux faces angulaires. C'est un socle qui, par son volume étudié solutionne la difficulté de desservir la couronne circulaire du côté opposé aux chapelles.
Détails du style gothique :
grandes arcades, voûtes d’ogive, chapitaux, triforium.
Les vitraux
Ils sont une oeuvre originale très importante dans la basilique.
L'architecte a trouvé à Tilff, près de Liège, les artistes verriers qui répondaient à ses propres exigences.
Né à Magdebourg (Allemagne) le 20 mars 1845 et formé à Gand dans l'atelier du Baron BÉTHUNE, fondateur des écoles Saint-Luc, Joseph OSTERRATH qui fuyait les persécutions des congrégations religieuses orchestrées par BISMARCK, avait fondé à Tilff un atelier de maîtres-verriers dès 1872. Celui-ci produisit de nombreux vitraux pour les églises néo-gothiques belges de l'époque (notamment Waremme, Brée, Saint-Christophe, Saint-Gilles et Saint-Jacques-le-Mineur à Liège, la cathédrale de Hasselt, Notre-Dame de Tongres et bien d'autres aujourd'hui perdus).
Au décès du fondateur en 1898, cet atelier sera repris par son fils prénommé lui aussi Joseph dont la production doit être différenciée et qui a probablement achevé les dernières verrières à Bon-Secours. La renommée de l'atelier OSTERRATH sera telle que les commandes afflueront de France, de Suisse, d'Allemagne, d'Angleterre, de Hollande, de Bolivie, du Venezuela, de Mongolie et des Etats-Unis.
Au nombre de 46, les verrières de Bon-Secours constituent de très loin l’ensemble le plus important qui peut être attribué à Joseph OSTERRATH père en référence à la signature de certains d'entre eux, aux patrons au petit pied conservés au musée d'Art religieux et d'Art mosan de Liège (MARAM), aux comparaisons stylistiques et aux signatures des projets. Il s'agit donc du témoignage le plus complet, de surcroît typique et exceptionnellement intact d’un des ateliers les plus importants de l'époque. Il faut enfin souligner dans le cadre du présent dossier qu'il s'agit d'un des rares ateliers wallons car la plupart d'entre eux étaient situés en Flandre.
A la mort d’OSTERRATH en 1898, il est avéré que la plupart des vitraux n’étaient pas placés mais que, comme l’a montré Séverine LAGNEAUX dans la remarquable étude qu’elle lui a consacré, on peut être sûr que le programme probablement mis au point en concertation avec le Chanoine Guillaume, l’architecte et les commanditaires a été respecté, que les projets étaient réalisés et que les vitraux étaient en cours de réalisation (sinon terminés pour certains)
La technique suivie est la plus ancienne et la plus difficile. Elle recourt au verre coloré dans la masse (probablement du "crown glass" anglais) comme les vitraux des cathédrales de Saint-Denis ou de Chartres. On peut, par ailleurs, penser que l'influence ne s'arrête pas là. La comparaison, par exemple, de l'arbre de Jessé de Saint-Denis et de Chartres avec celui de Bon-secours atteste de singulières influences par ailleurs sensibles dans nombre de compositions et d'artifices décoratifs. C'est toutefois la profondeur des couleurs utilisées en nombre limité sans aucun souci de réaliser le tableau peint où s'était égaré le vitrail renaissant, baroque et classique, qui atteste le mieux du retour à l'esthétique et à la logique première de l'art verrier.
Dans sa partie la plus intéressante occupant les grandes verrières verticales autour du choeur et des chapelles attenantes, le programme iconographique a été adapté aux lieux en remettant à l'honneur les principes régissant l'art chrétien médiéval (épisodes de la vie du Christ entourés de préfigures et de prophètes, typologie, emploi des couleurs, harmonie dans la diversité). Présentant, comme dans les grandes cathédrales, une suite logique de scènes isolées en médaillon sur fond décoratif, les vitraux de Bon-Secours se laissent interpréter avec beaucoup d'attention et un minimum de connaissances iconologiques. Pour tout le monde en tout cas, ils s'allument au soleil de couleurs intenses qui rappellent les plus hautes époques et distillent à l'intérieur un kaléidoscope de lumières chatoyantes, équivalent en langage intuitif, à la transcendance céleste.
Le pseudo transept présente sur les faces nord et sud deux fois deux prophètes inscrits dans un polylobe sur un fond décoratif de part et d'autre d'une barlotière. Auréolés de couleurs et vêtus de drapés classicisants, de tuniques et de chausses, ils sont désignés par leur nom respectif inscrit dans des phylactères et également reconnaissables à leurs attributs symboliques traditionnels. L'échelle de ces personnages, nettement plus grands, rompt avec celle qui est utilisée dans les diverses scènes historiées des autres ouvertures.
On dispose ainsi d’un ensemble, issu exceptionnellement du même atelier, dont le programme et l'esthétique est représentatif de cinq orientations du vitrail de l'époque. D'une part, les verrières relativement fidèles à la thématique favorite et à l'ardeur colorée des vitraux du Moyen-Age gothique (les plus typiques étant ceux du chœur et des deux chapelles qui l'entourent). En deuxième lieu, des verrières évoquant souvent la vie des saints auxquels les autels sont consacrés au sein des absidioles (vitraux meublés fréquemment et à part quasi égales par des médaillons décoratifs). En troisième lieu, les huit prophètes occupant seuls les fonds du transept, selon des proportions plus conformes aux productions générales de l'époque rompent en se laissant plus immédiatement déchiffrer avec l'esprit des précédents. Les oculi du chevet résument enfin l'histoire du lieu tandis qu’au sein du dôme, les vitraux décoratifs traités géométriquement et en grisaille remplissent l'office spécifique, fort éloigné du rôle symbolique et didactique réservé aux autres, dévolu à la tour lanterne. Dans l'unité de production d'un unique atelier, on voit donc que Bon-Secours réunitt des orientations diverses qui en font un témoignage complet de l'art verrier de la fin du 19e siècle.
Deux choses sont encore à remarquer. D’une part, la présence, à six reprises et en bonne place dans le chœur et les chapelles voisines des armoiries de la famille DE CROŸ et apparentées (par ailleurs parrains et marraines des cloches) en place de l’indication des donateurs comptant, pour la plupart, parmi les notables de la région.
En dernier lieu, il faut souligner la générosité de ceux-ci et, par conséquent l’efficacité persuasive dont a fait preuve le Chanoine GUILLAUME. Séverine LAGNEAUX indique que le coût d’un vitrail religieux représente à cette époque une somme importante et, citant Martine DE VILLELONGUE, rapporte que dans la ville de Privas, il représentait le treizième du coût de l’édifice. Les archives Osterrath font état, à l’époque, d’un coût de 135 F le m² et 75 F pour les grisailles.
Le mobilier
L'ensemble mobilier du sanctuaire : chaire, autels, tabernacle, grilles, vitraux, luminaires, candélabres et chemin de croix qui en constituent le décor intérieur présente l'intérêt de contribuer à l'unité du projet architectural. Il est d'autant plus intéressant qu'il est resté exceptionnellement intact.
Sorte de cuve cylindrique portant des médaillons d’albâtre rose figurant les évangélistes, la chaire de vérité réalisée en pierre de Soignies à petits cristaux est l’oeuvre de DE ROECK . Celui-ci a par ailleurs réalisé en bas-relief le chemin de croix dans du marbre de Carrare. Les stations de celui-ci sont accolées par groupes de deux. Parfaitement exécutées dans l'esprit classique de l’époque, ils intègrent le projet général.
Les autels latéraux sont pour la plupart issus de l'atelier Pierre PEETERS d’Anvers et semblent, selon les plans conservés à la cure, avoir initialement été esquissés par BAECKELMANS lui-même. L'autel Saint Charles ainsi que des sculptures décoratives (tabernacle, lutrin, etc. – ont en échange été réalisés par les ateliers Saint-Luc de Tournai.
Ils sont très intéressants, tant par l’unité de style que par la variété des personnages et scènes représentés. Remarquer d’abord la correspondance entre les autels et les vitraux.
A droite du maître-autel : Saint Joseph puis Sainte Anne. A gauche : le Sacré-Coeur du Christ.
A droite de la porte d’entrée principale : la chapelle de la Résurrection (autrefois dite des Ames du Purgatoire), puis la chapelle du Rosaire. A gauche : la chapelle du baptême, (la seule à être disparate), puis celle de saint Charles Borromée.
Ce mobilier se complète encore de cuivreries (candélabres, plateaux de cierges, veilleuse…) réalisés par la Manufacture des Frères DESCLEE à Tournai, par un banc de communion et par une grille de fer forgé séparant la partie réservée aux fidèles de l'avant de l'édifice. Cette clôture du choeur jugée inesthétique et qui présentait l'inconvénient de séparer sans grande raison les deux parties de l'édifice a été étêtée au cours des années soixante, privant ainsi l'édifice d’un élément certes contestable mais très caractéristique du goût néo-gothique.
L'ensemble de ces éléments : autels, sculptures, luminaires, statues, chaires de vérité, mosaïques, vitraux, grilles, constitue comme le note Serge LEBAILLY DE TILLEGHEM "un ensemble d’un incontestable intérêt qui contribue à la globalité du projet original". Il s'inscrit notamment dans la volonté affirmée au sein des écoles Saint-Luc qui commençaient à se créer (la première en 1862) et dont BAECKELMANS était proche, de créer un art rationnel, national et chrétien tant pour l'architecture qu’au sein des métiers d'art.
Ce n’est pas le lieu ici de mettre en évidence le projet pédagogique et religieux de ces écoles conçues comme une pépinière d’artistes et deartisans qui devaient concrétiser les principes dogmatiques et esthétiques du néogothique inspiré de PUGIN et dont le baron Jean-Baptiste DE BETHUNE fut le principal défenseur en Belgique. Nombre de recherches actuelles des historiens d’art (Jean VAN CLEVEN, Mark D’HOKER, Jan DE MAEYER, Luc VERPOEST, Raoul BAUER, Albert LEMEUNIER, Christian DRAGUET, Emmanuel VAN DER HEYDEN, B. FOUCART, etc.) en ont montré l'intérêt tant du point de vue stylistique que sociologique ou pédagogique (dans le développement de l'enseignement technique et professionnel). Il est simplement intéressant de noter que la basilique de Bon-Secours répond fondamentalement à ce projet et qu'elle en porte d’excellents exemples dans des domaines variés.
Les orgues ont été construites par les frères Edouard et Théophile DELMOTTE, facteurs d'orgue à TOURNAI qui ont commencé le travail le 15 janvier 1897.
L'inauguration de l'instrument a eu lieu le 11 juillet 1898. C'est un orgue déjà important comme on en rencontre dans certaines grandes églises et on peut dire qu'il contient toutes les sonorités actuelles de l'orgue à tuyaux telles qu'on les concevait au XIXe siècle. C'est l'orgue romantique et aussi symphonique, c'est-à-dire celui dont les sonorités s'apparentent le plus à celles de l'orchestre.